- Interdit aux moins de 12 ans - version longue 2h23
Jack Torrance, gardien d un hôtel fermé l hiver, sa femme et son fils Danny s apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Danny, qui possède un don de médium, le "Shining", est effrayé à l idée d habiter ce lieu, théâtre marqué par de terribles évènements passés...
L’espace a toujours eu une grande importance chez Kubrick. Tous ses films témoignent d’une utilisation de la dimension spatiale de l’univers particulièrement développée. Deux films en particulier retiendront notre attention : Shining et 2001 : L’Odyssée de l’Espace. Shining n’est pas un film d’horreur classique, contrairement à ce que pensent certains. Stanley Kubrick utilise l’espace pour servir extraordinairement l’achèvement de son scénario. Le lieu est ainsi mis en avant, stylisé et joue un rôle particulier. Le film, qui est un huis clos total, se déroule dans un vaste hôtel dont le nom, Overlook, est révélateur : il symbolise la capacité de Danny Torrance de prévoir l’avenir.
Dans Stanley Kubrick : A Life in Pictures, Woody Allen, Steven Spielberg, Alan Parker et Martin Scorcese retiennent tous la même scène du film : celle du travelling long et récurrent sur le petit garçon à vélo. Il faut reconnaître en effet que cette scène est extraordinaire d’un point de vue spatial. Le garçon roule dans des couloirs étroits et interminables avec un bruit grave et assourdissant provoqué par le frottement contre le sol du manoir.
Tout ce travail sur l’espace n’est pas fait au hasard : les couloirs représentent sans doute les méandres de la personnalité de Jack Torrance, profondément torturées par ces lieux les frottements pénibles stigmatisent la progressive mort de son esprit. L’espace participe à l’achèvement de l’histoire il est un des acteurs du film. Son motif est récurrent : le labyrinthe n’est qu’une autre matérialisation de la complexité spirituelle de l’humain. D’ailleurs, Jack Torrance fixe dans une des scènes une maquette du labyrinthe et imagine la promenade qu’y effectuent son fils et sa femme.
La taille des pièces est aussi importante : les personnages du film sont seuls dans des espaces immenses. C’est une façon pour Kubrick d’insister sur l’isolement et sur la solitude mais aussi sur la difficulté humaine de prendre conscience de son Moi et de s’y confronter. De même, si Jack Torrance joue avec une balle de tennis dans ces grandes pièces c’est pour montrer à quel point son propre esprit divague : il part dans tous les sens comme la balle et rebondit il change, tâtonne, oscille. Il faut aussi retenir les motifs géométriques psychédéliques des tapis et des moquettes : le quadrillage de l’espace signifie aussi la réduction de la liberté de Jack Nicholson, qui doit s’occuper de sa famille et de son travail en même temps.
Enfin, la scène finale de la course-poursuite dans le labyrinthe clôt l’histoire. Une fois que Jack Torrance est devenu fou, se confronter à son Moi est impossible sans une explosion de violence. Kubrick montre ici que l’espace, qui confère au film une seconde dimension, totalement nouvelle, est à la fois la cause et la solution du problème.(iletaitunefoislecinema.com)